Kaori Yuki est née un 18 décembre à Tokyo. Elle débute en temps que mangaka professionnelle en 1987 avec la nouvelle courte Natsufuku no Eri (les vêtements d'été d'Eri) parue dans le magazine bimensuel japonais "Hana to Yume" des éditions Hakusensha (édition spécialisée dans la parution de shôjo manga). Jusqu'à nos jours, Kaori Yuki reste très discrète sur sa vie privée.
A ces débuts, le dessin de Kaori Yuki fleure bon la mangaka fraîchement sortie de l'école de dessin. Par la suite, on remarquera une évolution tout à fait significative au fil de ces œuvres.
Dame Yuki possède à son collectif un bon nombre de nouvelles, rassemblées dans des recueils et des séries courtes. Le plus projet du mangaka à ce jour, le plus connu, reste la série éponyme Tenshi non Kinryôku a.k.a Angel Sanctuary qui compte 20 volumes, série complète qu'elle entame de 1995 à 2001.
Sa deuxième série "longue" est entrecoupée en deux parties, il s'agit de Hakushaku Cain a.k.a. Comte Cain entreprise vers 1992 à 1995, et reprise après la fin d'Angel Sanctuary de 2001 à 2003, sous le nom de God Child. C'est dans cette série comptant en tout 13 volumes, que l'on peut remarquer le plus la transition incroyable entre les œuvres de début de la dame et son style actuel.
Kaori Yuki est un mangaka au style vraiment unique, imposant un dessin très stylisé, neo-gothique, qui fait d'elle une véritable référence en la matière. A ces débuts, la dessinatrice nous propose des planches très travaillées, ultra chargées,qui de temps ne facilitent pas la compréhension des trames de ces histoires tortueuses... Celle-ci encre beaucoup, utilise beaucoup de trame, ce qui pour effet de donner un contraste singulier à son dessin si fouillé.
Côté illustrations, la mangaka utilise des couleurs d'aquarelle dont le mariage, rendent hommage à ses personnages.
Le découpage des planches est dynamique, prompt à l'action, donne un véritable souffle de vie à l'histoire contée (bien que dans ces débuts, la mangaka dénigre toujours ses décors, dans ces petits commentaires adressés au lecteur...).
Dame Yuki se documente beaucoup, imposant alors des univers fourmillant de mille détails, un véritable dédale imaginaire, dans lequel le lecteur prend plaisir à se perdre sans hésiter. Il est vrai que la mangaka tord des fois les éléments historiques à son avantage, mais cela serait un tort de le lui reprocher, seul magnanime pourrait s'amuser à déceler certaine petites "erreurs" commises. Ces inspirations sont multiples, des textes de l'ancien testament à la kabbale, des comptines anglaises "Real Mother Goose" aux romans de Lewis Caroll, des contes populaires des frères Grimm remis aux goûts du jour aux légendes urbaines, des poisons aux fragrances des parfums, d'un univers fantasy au gothisme à la science-fiction, Kaori Yuki jongle à travers le temps avec un peu tout ce qu'elle apprécie tout en gardant les éléments prépondérant à son propre univers. La sauce à laquelle celle-ci mitonne tout cela, a souvent une touche sanglante très personnelle... Elle-même avoue son penchant pour les groupes de Visual Kei, ses dessins s'en ressentent assez, il suffit d'un peu d'observation pour retrouver avec plaisir quelques têtes familières.
L'artiste traite de sujets retords, de sujets tabous, de sujets qui la touchent. Les amours interdites, tel que l'inceste ou l'homosexualité sont traités avec brio, incluant la profondeur et sensibilité. La mangaka aiment les personnages au passé tortueux, les personnages qui ont du caractère, les personnages qui ne sont pas ceux qu'ils paraissent être. Les blessures du passé sont des fois très difficiles à refermer...
Scénariste hors pair, la dame découpe au scalpel son intrigue, parsemant des indices de-ci de-là, des fois de réels indices, des fois des indices qui trompent, il n'y a qu'elle qui soit maître du fil rouge de sa trame, telle une moire qui tisse le destin indéniable dans lequel se précipiteront tôt ou tard ses victimes. Non pas que tous les dénouements baignent dans un le sang écarlate, mais les sacrifices sont souvent nombreux, arrivé au bout du tunnel. Seulement, il ne faut pas commettre l'erreur d'Orphée et se retourner avant d'avant vu la lumière, la vrai lumière... Yuki Kaori explore le profond de l'être humain, être à la fois si imparfait, pourtant pouvant contester Dieu lui-même lorsque le besoin s'en ressent. Les êtres humains et leurs faiblesses, leurs forces, la profondeur et la puissance de leurs sentiments qui font de eux ce qu'ils sont. La lumière ne vient pas toujours du ciel, elle est déjà là en nous, même lorsque tous les espoirs semblent perdus. La mangaka nous offre une boîte de pandore dans lequel se miroitent nos maux qui ne sont que le fruit de nos propres actes, de nos erreurs. Elle y a laissé l'espoir, seulement il faut savoir où le retrouver. Les anges ne sont pas toujours si purs, les démons ne sont pas toujours si mauvais. Il n'y a pas de manichéisme dans les univers de Kaori Yuki, rien n'est vraiment blanc ni noir. La frontière des deux clans n'existe promptement pas, les valeurs prônées de chaque côté ont toutes raisons d'être, et c'est ce qui fait le charme de ces histoires courtes ou longues. La mangaka est passée maître dans l'art de conter des histoires cruelles...Elle y dépeint aussi les faiblesses de notre société, une société qui, à force de rechercher la perfection ne semble que sombrer d'avantage dans la décadence.
A côté de ce genre plutôt fouillé, la grande dame inclut toujours des moments de détentes où l'humour est omniprésent, que ce soit des situations cocasses, de petits gags sans importance ou des quiproquos inattendus, il y a toujours de quoi apaiser le tout, à côté des moments de pure émotions ou d'action intense.
De nos jours, plusieurs séries de la mangaka ont été traduits en français par les éditions Tonkam, tel que Angel Sanctuary, Comte Cain (incluant God Child) et Neji.
Depuis Angel Sanctuary et Comte Cain [God Child en suite] la mangaka n'a plus entrepris de série longue proprement dite. Les nouvelles qu'elle a entreprit récemment sont dans un esprit un peu plus léger, tout en ayant sa griffe si particulière.
Deux autres courtes séries ont été acquises par les éditions Tonkam:
Fairy Cube, en trois tomes, inspiré de la mythologie celte et irlandaise, où l'on exploire l'univers caché mais bien réel des êtres mythiques que sont les fées, à la fois fragiles et cruelles, timides et espiègles, autant de facettes de personnalités que peuvent révèler les fairy cube... L'histoire narre une fois de plus les méandres tourmentés de liens familiaux, un thème cher à Yuki-sensei, deux frères au même visage, du même sang, mais véritablement de monde différents. Pourtant une chose les rapprochent, leur souffrance né de l'incompréhension du monde qui les entourent, une douleur qui finira à les pousser l'un l'autre dans le piège infernal de la haine... Une série à la trame assez légère par rapport à leurs noirs antécédents.
Ludwig Kakumei traduit par Ludwig Revolution, la mangaka se fait plaisir en revisitant à sa manière les contes de fées d'antan. Les contes ont toujours baignés l'enfance des mortels depuis jadis...
Pâles princesses attendant la délivrance par leur princes charmants, marâtres cruelles et sans pitié toujours châtiés à la fin du récit... La trame est connue, et bien qu'obsolète, continue à séduire ceux qui y prêtent attention. Mais si la princesse ne se révèlait pas aussi douce et pure qu'elle y apparaît? Et si le prince bien que charmant, ne correspondait nullement à un modéle de droiture chevaleresque, qu'adviendrait-ils de nos précieux contes? Simplement des contes de Ludwig Revolution, osant avec brio déranger l'équilibre de la balance du "tout est parfait dans le meilleur des mondes" pour faire naître un monde décadant où Yuki-sensei reigne en maître seule... Traîtrises, complots, secrets inavoués, sont le côté "cruel" des contes d'antan, que l'auteur remet au grand jour car qui vous dit que le petit chaperon rouge ne se trouve pas toujours dans le ventre du loup? Tiens, vous n'avez pas lu l'original du conte? Vous risquez d'être alors surpris...
Un ton léger et comique dans cette série toujours en cours, parmi les sombres desseins de certaines histoires...
Devant le succès du manga Angel Sanctuary, trois OAVs ont été produites en 2000. Ces OAVs pourtant ont été amputées de plusieurs éléments principaux de l'histoire et ne couvrent que le trois premiers tomes de la série. Il exsite aussi une édition de luxe reliée du monument "Angel Sanctuary" éditée par Tonkam toujours, fin 2007. Chaque tome relié compte de tomes normaux de la série, une nouvelle traduction à été envisagée pour cette édition.
Yuki Kaori a participé en tant que character-designer à la série Meine Liebe qui au départ, était un jeu video de rôle sur GBA avant d'être adaptée en série animée en 2004.
La série Blood Hound traitant des aventures de vampires plutôt sympathiques et d'une lycéenne au fort caractère a été adaptée en série drama (live) sous le nom de "Vampire Gigolo"
Yuki Kaori captive, intrigue, passionne. Son art graphique fouillé d'une grande beauté ne laisse pas indifférent et ces intrigues profondes au goût doux-amer non plus.
Ces atouts en main, la mangaka séduit toujours un large public et demeure l'une des icônes incontournable dans le domaine du manga.
Bibliographie (toutes oeuvres publiées par Hakusensha)
Série complète :
Hakushaku Cain – Comte Cain part I à IV
God Child – Comte Cain Part V.
Tenshi no Kinryôku – Angel Santuary
Recueils :
Kaine – endorphine – entre vie et mort
Shônen Zanzo – the boy next door
Sareki Ôkoku – Gravel Kingdom
Zankôkuna Dôwa Tachi – Conte de fées cruel
Neji
Ludwig Kakumei – Ludwig Revolution
Yoruguta Aijin Senmonen – Blood Hound
Nouvelles (en court de parution) :
O no sokoshi
Psycho Knocker
Yôsei Hyôhon – Fairy Cube
Art Book :
Angel Cage
Lost Angel